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Avec l’avènement des outils numériques, tout le monde est devenu producteur d’images, de sons, de vidéos. On a tous notre smartphone en poche, prêt à dégainer pour immortaliser le moindre moment familial, professionnel ou même de la vie publique. En témoignent les flux continus de vidéos sur les réseaux sociaux. Presque du jour au lendemain, on s’est tous retrouvés avec la casquette de réalisateur sur la tête. La qualité et la créativité sont parfois au rendez-vous, parfois non…
Forcément, comme la tendance est à l’économie et à l’autonomie, certains responsables marketing ou communication auront l’envie de prendre leur smartphone et de produire eux-mêmes leurs vidéos de communication. Et je dirais : pourquoi pas ! Mais…en tant que réalisateur, l’idée ne me viendrait pas de prendre la place d’un responsable marketing car je ne connais pas son métier, ses enjeux, ses contraintes. Alors, pourquoi l’inverse ?
Parce qu’on a tendance à penser que, pour faire des vidéos, il n’est question que de moyens matériels. En gros : “j’ai le dernier iPhone, j’ai un ringlight de Youtuber, c’est bon, je peux faire des vidéos de communication pour ma boîte !”. Malheureusement, cela ne suffit pas ! Lorsque j’étudiais l’audiovisuel, on passait souvent beaucoup de temps assis à étudier la grammaire cinématographique, l’analyse de film ou bien la théorie de la lumière et du son. Seulement, une fois ces notions assimilées, on mettait en pratique et on appuyait sur le bouton rec. Pour moi, il y a deux points cruciaux pour la bonne réalisation d’un film : l’histoire et la qualité technique.
Premièrement, il faut savoir ce qu’on veut raconter (ça, c’est le job des responsables marketing et communication). Et après, il faut savoir comment raconter. Et là, c’est au réalisateur (et à l’équipe qui l’entoure) de se creuser la tête. Le cadrage, la lumière, les décors, les mouvements de caméra, le montage, la musique, le son… sont autant d’éléments d’un film qui donnent du sens, au même titre que son contenu éditorial. On aurait tendance à se dire que, pour un film de communication, la mise en scène n’a pas d’importance… et bien si ! Nous sommes baignés de vidéos au quotidien et nous avons acquis malgré nous certains codes, certaines conventions.
Un exemple parmi tant d’autres : la règle des 180°. Connue sur le bout des doigts par tous les réalisateurs, elle fait souvent défaut aux apprentis-sorciers de la vidéo. Dans le cas d’une interview filmée à deux caméras, il est recommandé de ne jamais placer ses caméras de chaque côté d’une ligne imaginaire interviewé / intervieweur. Le risque est de rendre confuse pour le spectateur la compréhension de la disposition des personnages et donc de l’empêcher de se focaliser sur le discours. Ces exemples simples démontrent qu’il y a des codes, des règles à respecter (ou à détourner en connaissance de cause).
Comme je l’écris un peu plus haut, il ne suffit pas d’avoir du super matériel pour savoir s’en servir. Je mets les photographes amateurs au défi de réussir à produire des images aussi belles avec leur iPhone que celles produites lors de ce concours organisé par Apple. La chose n’est pas aisée car il faut du talent mais aussi des compléments optiques, du matériel d’éclairage professionnel, un vrai micro…
Quand bien même on investirait dans une caméra professionnelle, encore faudrait-il savoir s’en servir : faire la mise au point manuellement, régler sa balance des blancs, choisir son codec d’enregistrement… Et puis une fois les rushes tournés, reste l’étape de la post-production qui ne se limite pas au montage, mais également au mixage, à l’étalonnage, à l’encodage… La post-production ne se limite pas à mettre bout à bout les plans tournés !
Mon point de vue, qui peut être perçu comme élitiste, est à contrebalancer avec une créativité et des idées inspirantes que l’on peut trouver sur les réseaux sociaux B2C (car les réseaux sociaux B2B s’inspirent en grande partie de ce qui se fait en B2C). En effet, sur Youtube, Tiktok ou autres, on a vu émerger des talents en prise de vue, montage, effets spéciaux, mise en scène… Mais je reste persuadé qu’il s’agit là d’une minorité de contenus de qualité pour une immense majorité de contenus de flux standards (pour ne pas dire médiocres), oubliés quelques secondes seulement après avoir été visionnés, d’un simple scroll pour passer au contenu suivant.
N’oublions pas que, dans le cadre d’une vidéo de communication, notre but est non seulement d’être vu, mais surtout d’être mémorisé, d’apporter des informations et de profiter à la marque ou à l’entreprise qui prend la parole.
Alors, oui je suis pour la démocratisation de la réalisation de vidéos, mais à condition de respecter les codes narratifs et les standards de qualité en vigueur. Chacun son métier !
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12 Sep 2024
Digital Marketing
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