Expertise éditoriale
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À l’origine le terme « jargon » désigne le gazouillement des oiseaux. Puis au XIIIe siècle, le mot se réfère petit à petit au parler des bandits, voleurs et autres malfaiteurs qui communiquent par code. Leur but ? N’être compris que de leur petit groupe. Un objectif que les adeptes des jargons aujourd’hui – malfaiteurs ou non – poursuivent inconsciemment. C’est en tout cas ce que le professeur de psychologie, Daniel M. Oppenheimer de l’univerisité de Californie Los Angeles (UCLA) a pu démontrer dans une série d’expérimentations.
Dans les trois premières expériences, un groupe de 70 étudiants a dû évaluer le degré de compréhension de différents textes dont certains ont été truffés de termes techniques volontairement longs. Le résultat est sans surprise : plus un texte contient de mots techniques, plus la compréhension est ardue et plus le temps de lecture s’allonge. En conséquence, les lecteurs sont vite agacés et abandonnent les textes très rapidement.
Mais l’étude de Daniel M. Oppenheimer va plus loin. Le chercheur a également demandé aux étudiants d’indiquer le degré d’intelligence qu’ils attribuaient aux auteurs des textes proposés. Là encore, le constat est sans appel : plus l’écriture est technique, moins l’auteur est perçu comme intelligent. En d’autres mots, le jargon rend bête et nuit à la communication voire à la réputation.
Une idée partagée par Andy Craig, fondateur d’Elevator Speech, une entreprise américaine de conseil en communication : « Lorsque vous vous rendez à une fête le samedi soir, vous ne dites pas à vos amis : “Il faut que je vous explique comment j’ai optimisé mon calendrier mercredi dernier pour monétiser mon business”. Vous racontez votre histoire simplement et vos amis la répètent ensuite ». La communication atteint ainsi son objectif : passer de bouche en bouche.
« Il est toutefois important de préciser que le problème n’est pas tant l’utilisation de termes longs et techniques que leur emploi inutile et impromptu » souligne Daniel M. Oppenheimer. Tous les mots de jargon ne sont en effet pas à mettre à la poubelle. Rappelons qu’en moyenne, 90 % du discours d’un adulte français est composé des mêmes 600 mots qui reviennent en permanence. Ces 600 mots ne peuvent suffire à décrire toutes les facettes du réel et les auteurs se voient souvent contraints d’employer des termes techniques plus précis.
Mais ces mots ne peuvent pas être laissés seuls. Un seul exemple : pour un imprimeur, l’« ours » désigne le texte placé en début d’ouvrage contenant les mentions légales (date d’impression, éditeur, etc.). Pour un écrivain ou un cinéaste, il s’agit d’une œuvre inachevée non publiée. Si l’on veut être compris par ses lecteurs – qu’ils soient de la même profession que l’auteur ou non – les termes techniques doivent donc systématiquement s’accompagner d’une définition claire et simple.
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