Digital Marketing
Prise d’écran du site Apple
Bien pensés et dans un certain contexte, le méga menu est redoutable. Mais dans le sens inverse, il peut devenir un vrai casse-tête. D’ailleurs, l’expert Jared Spool (chercheur américain en ergonomie) le confirme. Certaines entreprises ont vu leurs chiffres d’affaires chuter de 20 % après avoir lancé un méga menu. À l’inverse, d’autres ont enregistré une augmentation de 50 %.
Certes, un méga menu partage le même objectif qu’un menu déroulant classique, soit de hiérarchiser les pages d’un site web. Mais la ressemblance s’arrête là. Contrairement au menu classique qui ne déploie qu’une liste verticale de liens, le méga menu s’ouvre en grand panneau. Ce dernier déploie plusieurs colonnes, affiche des sous-niveaux et peut même intégrer des images ou des icônes pour enrichir la navigation. Mais au-delà de l’aspect visuel, le méga menu joue aussi un rôle en référencement naturel. Il influence directement la manière dont Google crawl et interprète l’architecture de votre site.
Je l’avoue, j’ai un faible pour les méga menus bien conçus. Ils ont cette habileté à donner une vue d’ensemble immédiate et à rassurer le visiteur. En un coup d’œil, on comprend l’offre, la profondeur de l’expertise et la logique de navigation. Pas besoin de chercher, tout est là. En plus, grâce à l’arrivée de l’IA, le contenu du méga menu commence à s’adapter au profil de l’utilisateur (client récurrent, nouvel utilisateur) ou à son historique de navigation.
Chez certains grands noms comme Accenture, PwC ou encore Monday, le méga menu devient même un outil de branding puissant. Les couleurs, la typographie, les icônes respirent l’identité de marque. Le choix des mots reflète le ton de la marque. Le méga menu devient alors une vitrine dans une vitrine.
Prise d’écran du site Salesforce
Cette vitrine peut aussi être un redoutable outil de conversion ! Des entreprises comme Asana ou Salesforce l’ont bien compris. Elles intégrent directement leurs CTA à côté des liens de solutions. Chaque clic devient une opportunité business.
Soyons lucide, j’ai vu trop de sites vitrines tomber dans le piège de la surcharge cognitive. Vous ouvrez le menu, et bam ! Un mur de liens… (ou le plan du site, on ne sait plus trop). Et sur mobile, c’est encore pire si le menu n’a pas été pensé en mobile-first. En somme, trop de choix pour l’utilisateur qui ne sait plus où cliquer. Le résultat ? Il quitte le site.
Mais le pire n’est pas toujours visible. Derrière l’excès de liens, il y a aussi la dilution de la popularité interne (PageRank interne). Plus un méga menu contient de liens internes, plus le score d’autorité transmis à chaque page est réparti. Résultat ? Googlebot explore trop de pages secondaires et vos pages stratégiques perdent en visibilité…
D’un point de vue performance technique, la surcharge pose aussi de sérieux problèmes. Un méga menu mal optimisé (images non compressées, code lourd…) alourdit le temps de chargement et complique l’accessibilité. Et comme le souligne notre experte Accessibilité Web chez Indexel, l’accessibilité des sites web, c’est bien plus qu’une obligation légale… Gardez bien à l’esprit qu’un méga menu qui met plus de trois secondes à charger, c’est 50 % de visiteurs en moins.
Enfin, le problème le plus récurrent reste “la vitrine vide”. Autrement dit, un site qui intègre un méga menu sans avoir assez de contenu. Le vrai sujet n’est pas le manque de contenu en lui-même, mais la manière dont il est perçu à travers plusieurs biais cognitifs :
Prise d’écran du site Alten
La conséquence ? Le visiteur perd sa confiance dans la marque et la perçoit comme moins crédible. À noter que le designer pourra faire tout ce qu’il peut pour combler ce manque. Si vous n’avez pas assez de contenus, vous n’avez pas assez de contenu.
Prise d’écran du site AliExpress
À l’inverse de l’effet « vitrine vide », certains sites e-commerce comme Temu ou AliExpress semblent faire le pari du chaos. Leur méga menu affiche un contenu très dense et désordonné. Pourtant, leur taux de conversion est impressionnant. Mais pourquoi ? Parce que c’est une stratégie. Ces marques jouent avec les codes du discount que l’on retrouve en magasin : le « méga bazar » assumé où l’on CHERCHE la bonne affaire. Cependant, il serait difficile d’imaginer qu’une entreprise B2B adopte volontairement la même approche pour son site vitrine.
Selon moi, le méga menu est un outil puissant, mais il doit être justifié par un besoin stratégique. Avant de vous lancer, je vous invite à vous poser à minima ces questions simples :
Si la réponse est oui, alors allez-y. Mais n’oubliez jamais que la complexité est l’ennemi de l’utilisateur. Votre menu ne doit pas être une usine à gaz. Pensez hiérarchie claire, visuels qui ont du sens, une version mobile sans accroc et une accessibilité irréprochable. Et surtout, ne faites pas l’impasse sur les tests. Un méga menu, ça se construit, ça s’améliore, et ça se simplifie.
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